Résidence nomade Failles Fronteras

L’association Accès)s( cultures électroniques et ETOPIA, centre d’art et de technologie à Saragosse, s’associent pour mener un projet de résidences artistiques croisées, résidences nomades dont les résultats seront inclus dans le programme annuel des deux institutions tout au long de 2022.

De part et d’autre de cette frontière naturelle qu’est la mythique chaîne des Pyrénées, de Saragosse à Pau, de la France à l’Espagne, un artiste néo-aquitain et un artiste aragonais dialogueront. Cette rencontre sous forme de résidences se fera à travers l’interface naturelle, sociale et écologique que sont les Pyrénées et ses territoires limitrophes. La matière première des artistes sera la nature, les paysages et les personnes qui y vivent. Ils y glisseront leurs propres « glitch », leurs « effets d’erreur », loin de la connotation négative originelle, pour une proposition artistique où ces défauts et erreurs dans notre nature mettent en lumière une intelligence informatique afin de fournir un impact supplémentaire sur le spectateur des nouvelles technologies de l’image.

Entre un défaut naturel et une esthétique contemporaine, entre art et science, les artistes utilisent les réseaux sociaux et les technologies numériques. Les chemins de Thomas Cheneseau et de Nestor Lizalde se croisent lorsqu’ils partent à la recherche des artistes du Land-Art et des artistes cueilleurs qui ont écrit une partie de l’histoire esthétique des Pyrénées. Ils entameront ainsi un dialogue sous l’égide d’ETopia et d’Accès)s(, entre Saragosse et Pau, associés aux curateurs des deux entités pour tester différentes approches auprès des populations espagnoles et françaises qui partagent cette culture pyrénéenne.

Du sommet du Vignemale au désert de Los Monegros, il s’agit ici d’écrire des histoires artistiques et sociales, et de porter des points de vue contemporains sur cette nature qui résiste à l’agression humaine ainsi que sur les populations qui vivent en osmose avec ces paysages spectaculaires face aux mutations nées de l’Anthropocène.

Thomas Cheneseau – Skull facade – 2021

L’expérience nomade

Pour Accès)s(, cette première expérience de collaboration avec le Centre Etopia pour les arts et les technologies, est une véritable occasion, non seulement d’ouvrir des partenariats réguliers transpyrénéens, mais d’ouvrir une nouvelle voi(x)e artistique à travers une Frontière.

À la suite de la grande exposition Ici commence le chemin des montagnes… au Musée de Pau, le projet de Thomas Cheneseau prolonge un nouveau regard artistique sur la nature « de très loin (technologiquement) pour nous regarder (aujourd’hui) » (comme dirait Patrick Boucheron d’une fresque de Lorenzetti de 1339). Ce travail, en programmation de résidence chez Accès)s(, dissimule une réalité à l’intérieur de paysages, entre la nature pyrénéenne et une surnature digitale.

Il est temps de regarder les Pyrénées d’une autre manière, de dépasser les frontières esthétiques par un travail « en plein air » (comme disaient les impressionnistes) pour aller à la rencontre des hommes et des femmes qui habitent ce paysage. C’est ainsi que nous avons pensé associer ce plasticien néo-aquitain avec un sculpteur digital aragonais Nestor Lizalde. Deux artistes qui vont arpenter les failles technologiques qui nous plongent dans notre futur anthropocénique incertain en parcourant les Pyrénées, de Saragosse à Pau et de Pau à Saragosse.

Au terme d’une campagne de prospection-résidence entre le massif du Vignemal et le désert de Los Monegros nos deux artistes vont faire entrer en dialogue leur art avec les reliefs et les paysages d’un territoire dont ils vont établir des « parcours d’espace » comme autant de cartographies d’expériences plastiques où, photographies et sculptures interrogeront un panorama Nord/Sud d’une frontière naturelle par des expositions, un carnet de bord digital, des sculptures polymorphiques et surtout, une présence nouvelle aux Pyrénées.

Les objectifs

Ce projet est avant tout un dialogue entre nos institutions et nos territoires, un dialogue entre deux régions. À travers Failles Frontières, ce travail d’expériences de résidences nomades peut-être poursuivi entre la Nouvelle Aquitaine et l’Aragon, de façon toujours réinventée.

Il pourrait s’agir là d’une chance, via les expositions finales, d’ouvrir une nouvelle fenêtre de discussion sur un « land art numérique ». Cet art, qui confronte la machine de vision et son « intelligence » supposée, à travers un glitch-art propre à donner à voire le pourcentage d’humanité de toute machinerie, peut déboucher sur un vrai dialogue arts/sciences que nous aimerions poursuivre avec nos partenaires académiques respectifs. Et si seule l’erreur peut donner une intelligence créatrice aux machines, la nature dans tout ce qu’elle a de plus tellurique peut envisager une pensé biologique comme «la théorie des organismes» complémentaire à notre théorie de l’évolution (Ana de Soto) au centre des paysages et des savoir Pyrénéens.

Failles Frontières s’appuie sur cette vision de l’artiste en dialogue avec une nature en perpétuelle évolution. C’est cette expérience que nous voulons proposer au public de notre euro-région franco-espagnole. Un voyage au cœur de failles digitales sans frontière.

Gradient du Gave de Pau, diffusion vidéo sur la façade-écran du centre d’art ETOPIA

Test d’implantation de scènes en réalité augmentée au centre d’art ETOPIA